comme un humain dans l'eau
Je comprends ce que les gens disent. C’est pénible, je n’en ai pas l’habitude. Je déteste ça. Les gens parlent, j’entends sans avoir besoin d’écouter et je comprends. C’est infernal. J’ai l’impression de me mêler de ce qui ne me regarde pas. D’ailleurs ça ne m’intéresse pas, je ne veux pas savoir.
C’est vrai, quoi ! Avant je les voyais passer, gesticuler devant moi. Des sons confus me parvenaient, mais ils restaient totalement incompréhensibles. Vous savez, comme quand on met la tête sous l’eau, dans sa baignoire, et qu’on entend les bruits environnants transmis par la tuyauterie… Selon l’intensité des voix, leurs intonations, je pouvais m’imaginer les conversations, des histoires, la vie de chacun. J’y passais mes journées, d’ailleurs, à inventer leurs vies.
Et bien aujourd’hui, c’est pareil, sauf que les sons ont un sens, je comprends tout ! je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui s’est passé, peut-être ce truc bizarre que j’ai mangé tout à l’heure, mais le fait est que toutes leurs paroles ont pris un sens. Et quel sens ! Leur vie est d’un ennui… Rien à voir avec ces aventures palpitantes que je me contais jusque là.
Vivement ce soir qu’ils s’endorment. Qu’ils se taisent. Et que je puisse rêver à nouveau.
Ah, au fait, c’est moi, là.[participation en retard au sablier d'automne de Kozlika et Samantdi]